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Rallyes-WRC : Nicolas Bernardi, le coach de Pierre-Louis Loubet se lâche !


José FANCHI le Jeudi 23 Novembre 2017 à 23:34

Tel père, tel fils. Normal direz-vous lorsqu’on s’appelle Loubet. Yves a commencé sur les chapeaux de (2) roues, puis est passé sur quatre et a crevé l’écran du succès en moins de temps qu’il ne faut à un pilote pour apprendre le double débrayage…Puis est arrivé Pierre-Louis pendant ces heures de gloire. Il a vite grandi pour en profiter et s’enivrer de passion, juste ce qu’il faut pour décider du futur. On sait ce qu’il advint quelques années plus tard.



Celles qui précisément lui ont servi d’apprentissage pour devenir un « employé » de l’asphalte, un dessinateur de virages et se faire un prénom. L’école s’est déroulée dans la plus parfaite des cohésions, beaucoup plus étudiée que celle du père. Sans doute pour arriver plus vite au top niveau. Mais bon, chacun son histoire, chacun ses méthodes pour grimper au firmament du sport automobile et atteindre le bon niveau. Celui où l’on fait se déplacer les observateurs, ceux qui décide au sortir d’échanges vifs et de tractations sur présentation de carte de visite.

Pierre-Louis s’est inspiré du père, des amis, des pilotes locaux et a commencé comme beaucoup de pilotes par le karting. Normal jusque là, ce qui ne l’a pas empêché d’user quelques pneumatiques sur les routes de l’arrière pays porto-vecchiais tracées par son père. Mais c’est déjà du passé tout cela, même si on ne l’oublie pas. Le « petit » a fait ses classe près du sol pour mieux décoller après et son arrivée sur route l’a libéré de tout complexe. Il s’est lancé dans le bain de l’attaque maîtrisée avec beaucoup de maîtrise et ses premières gammes n’ont pas laissé indifférents bon nombre d’observateurs qui ont très vite compris à qui ils avaient à faire. Les mois ont passé, les résultats accumulés et l’arrivée avec les « grands » ou plutôt dans les grandes courses routières, ont apporté leur lot de bonnes choses.
A force de passion et de son travail, Pierre-Louis a réussi à bousculer la hiérarchie et trouvé chaussure à son pied et de fil en aiguille…Et en épingles, il a su se débrouiller pour cueillir les premiers lauriers d’une carrière qui commence plutôt bien.

Un coach, c’est toute la différence…
Le voilà maintenant aux mains d’une fin connaisseur des choses de l’auto et de l’attaque surtout. Nicolas Bernardi, riche de son expérience et surtout pointure de notre sport automobile. Il s’est penché sur le baquet de Pierre-Louis pour l’affiner, l’affûter, le rendre performant. La saison qui vient de s’écouler prouve si besoin était de son avancée, de ses progrès, de ses chances pour les années à venir.

Le coach de Pierre-Louis, en compagnie de Vincent Landais, son copilote, analysent et commentent le dernier rallye de la saison, disputé il y a quelques jours au Pays de Galles. Et surtout, ils évoquent les progrès accomplis par Pierre-Louis. Sur la base de ces derniers, l’un et l’autre nourrissent de solides espérances pour les saisons à venir… A commencer par 2018.

«  Au Pays de Galles, Pierre-Louis et Vincent ont fait un beau rallye. Ils se font piéger par le brouillard pour la simple raison qu’ils n’avaient jamais roulé dans de telles conditions. Ce qui est sûr, c’est que pour notre équipage, le brouillard était impénétrable du début à la fin de la spéciale. Peut-être Pierre-Louis n’a-t- il pas tiré le maximum d’une situation précaire ? Je ne peux pas l’affirmer. En tout cas, il ramène la voiture à la fin de la spéciale, il continue le rallye et signe de bons chronos. D’accord, ils auraient pu finir mieux classés au général mais on ne jouait pas le titre. Pour moi, le plus important c’est que la pointe de vitesse est là désormais, régulièrement, et que Pierre-Louis est en progression constante. Il a énormément gagné en fiabilité. Il sait garder la voiture sur la route, sans pour autant aller moins vite. Il était même plus rapide encore sur les dernières courses. En fait, il a progressé dans tous les domaines, à savoir l’engagement, la performance, l’état d’esprit. Il faut maintenant qu’on arrive à concrétiser tout cela. L’année prochaine, il lui faut des podiums. Je dirais même qu’il est capable d’aller chercher la victoire… D’autant qu’il a un copilote exceptionnel. Vincent est très, très fort. »

Plus de kilomètres, plus d’attaque…
Que manque-t- il à Pierre-Louis ?   Pas grand-chose, en fait. Quelques petits dixièmes au kilomètre, face à des pilotes qui sont, il convient de le rappeler, des coureurs professionnels qui passent beaucoup de temps à rouler. Mais Pierre-Louis se situe devant tous les jeunes qui arrivent ou qui ont une expérience à peu près similaire à la sienne. Certains ont moins d’expérience, mais beaucoup plus de roulage. En clair : à entraînement et expérience équivalents, il est devant les autres, sans le moindre doute.
Au Pays de Galles, on a vu débarquer un ultra jeune (le Finlandais Rovanperä, 17 ans, fils de l’ancien) dont c’était le premier rallye de Championnat du Monde. A la différence de Pierre-Louis, ce garçon fait 300 kilomètres d’essais par semaine. Il serait donc faux de le présenter comme un novice. Cette année, face à nous, on a vu aussi Greensmith, dont c’est la première saison de WRC2, mais qui passe beaucoup de temps en essais. Si Pierre-Louis, avec son expérience du terrain, a un tout petit avantage sur eux, en revanche il souffre d’un désavantage énorme  : le manque de roulage en dehors des courses. 

… Et plus d’essais !
L’objectif serait de faire moins de rallyes et nettement plus d’essais pour préparer les épreuves. Il y a sept courses comptant pour le Championnat du Monde WRC2, donc inutile d’en faire neuf. Cette année, pour accumuler de l’expérience Pierre-Louis a disputé neuf courses, mais il n’a pas roulé plus de quatre jours en tests.
« Pour 2018, je préfère que nous nous limitions à sept rallyes, pour consacrer le reste du budget à des essais. Dix journées, ce serait bien, même si ce n’est jamais assez. L’idéal serait de pouvoir faire des essais privés, avec une équipe entièrement dédiée à Pierre-Louis…Evidemment, c’est plus cher que si le team  dépêche sur place son camion, ses voitures, ses ingénieurs et ses mécaniciens pour plusieurs pilotes. Mais ce serait nettement plus profitable et cela nous permettrait de travailler avec beaucoup plus de confort, et nous passerions plus de temps à discuter avec les ingénieurs. J’aimerais aussi qu’il puisse faire avec Vincent deux ou trois petits rallyes pour préparer ceux du Mondial. »

Dommage, car avec Hyundai…
Oui dommage car l’approche était réellement sérieuse et Pierre-Louis était à deux doigts d’une superbe saison 2018 :
« Dommage en effet car Pierre-Louis est passé à un souffle de la sélection par Hyundai. En toute honnêteté, il avait vraiment les qualités pour être retenu. Déçus, oui, nous l’avons tous été. Mais cela fait partie d’une carrière sportive. Quand on est choisi, on devient le roi du monde, et quand on ne l’est pas, il faut surmonter cela au plus vite. Tout cela s’est joué à trois fois rien. Je crois que pour le jury, la décision finale n’a pas été facile à prendre. Au-delà de ses performances, ce qui a été apprécié chez Pierre-Louis, c’est sa personnalité, son côté très ouvert, son aptitude à bien ressentir la voiture, à communiquer avec les techniciens.
A ce jour, nous sommes en pleine discussion avec des équipes pour 2018. Il existe des opportunités pour être bien soutenus par un constructeur. C’est le principal objectif : que Pierre-Louis mette réellement le pied chez l’un d’eux.
  »